samedi 5 septembre 2015

Pour les Nuls... Histoire d'une Dissertation, I - Sa_Black_Rah.

26 mars 2014 : 

Nous sommes déjà fin Mars. En Grande-Bretagne, chaque étudiant en sciences doit rendre (ou devrai-je dire pondre?) sa dissertation sous peu. Les étudiants de bachelor (équivalent niveau licence) doivent en général rendre leur projet vers Avril. En master, nous avons une année de cours à plein temps, et notre dissertation doit être rendue fin Septembre de l’année suivante (les précédentes sessions avaient bien plus de temps… Mais pour des raisons x et y, on nous laisse de moins en moins de temps !). Je suis chanceuse : je suis à mi-temps. Ce qui veut dire que j’ai jusqu’à deux ans pour rendre mon projet (et les cours sont étalonnés sur deux années au lieu d’une). Il n’empêche, c’est du travail!

Alors, qu’est ce qu’une dissertation? L’idée, c’est de nous mettre dans la peau d’un chercheur. Selon nos intérêts (ou le projet qu’on se voit imposer, ce qui est le cas des étudiants qui ont l’ATM et dont les frais de scolarité sont financés par une entreprise privée), on peut faire un peu de tout : parasitologie, génétique, nutrition, reproduction, etc.

Quant à moi, je cherche à me spécialiser en biomécanique et comportements équins. Autant dire, que dans ma fac, je n’ai pas choisi ce qu’il y a de plus facile!

Cela fait plus d’un an que je réfléchis à mon projet. J’ai déjà lu énormément sur le sujet (probablement une bonne soixantaine de publications faites sur le sujet). Et puis un jour, j’ai eu une révélation: le débat du rollkür agite la scène internationale depuis des années. L’idée de mesurer la tension des rênes et de chercher un « gold standard » a été mentionnée par plusieurs chercheurs. Donc oui, il y a des publications sur le sujet. Mais rien n’a encore été fait à une plus grande échelle (plus de 15 chevaux). J’ai donc muri mon idée plusieurs semaines avant de m’en aller voir ma tutrice et de lui soumettre mon projet.

Rendez-vous a donc été pris: je lui expose mon idée. Sa réponse « cela m’a l’air très bien, mais il faut maintenant que tu ailles en parler à D. qui est davantage spécialisée là-dedans ». Je prends donc rendez-vous avec cette prof’. Après des heures et des heures de préparation, je vais donc la voir. Dans ce genre de situations, mieux vaut être préparée. Pas la place pour des doutes ou des approximations. Il faut y aller franco « voilà mon idée, ceci est mon hypothèse, cela est ce que je veux prouver, et voilà comment on s’y prend pour y arriver ». Allélujah! Mon projet a l’air de lui plaire, et voilà donc mon petit papier signé, qui sera ensuite transféré au professeur en charge des dissertations de master.

Ceci est donc mon journal de bord, pour vous faire part de mes avancées dans mon projet. Pour simplifier, mon idée est la suivante: je vais utiliser une caméra ainsi qu’un tensiomètre afin de mesurer les données suivantes : tension des rênes, impulsion, position de la tête par rapport à la verticale, et peut-être la répartition du poids (il faut encore que je creuse ce dernier point). Chaque cheval devra passer 8 fois devant la caméra au trot après une détente: quatre fois sur des rênes longues (deux fois à chaque rêne), et quatre fois en ayant le cavalier prenant le contact. Le cavalier devra après chaque passage répondre à un petit questionnaire avec des questions type: comment était la position du chanfrein par rapport à la verticale, quel tension aviez-vous avec la bouche du cheval (non-existante, légère, moyenne, lourde, très lourde), etc. Répéter cela sur 40 à 50 chevaux (visons grand!).

Maintenant, où j’en suis où jour d’aujourd’hui: j’ai écrit ma partie « material and methods » (grosso modo, le protocole), qui est déjà partie pour une première série de corrections. Inutile de dire que c’est revenu surligner de partout et que j’ai une liste longue comme un bras de choses à changer! Ensuite, parlons finances: la fac ne me finance pas (et oui, c’est la crise). Autrement dit : démerde a ou pour te payer les équipements nécessaires ! Entre la caméra (un appareil photo qui filme à 60 images par seconde en HD), j’en ai eu pour un peu moins de 300€, le tensiomètre quant à lui, commandé aux Pays-Bas m’a coûté 700€. J’avais regardé pour faire mon propre tensiomètre, mais après avoir regardé le prix des « load cells », j’en suis venue rapidement à la conclusion qu’il serait plus intéressant d’acheter le Rein Tension Device Pro chez Centaur (qui est prêt à l’emploi, et a été développé pour être utilisé par des cavaliers et chercheurs). Tout cela a donc été commandé lundi. L’appareil photo et le tripod devraient arriver dans les prochains jours. Le tensiomètre devrait être là d’ici une quinzaine de jours. D’ici mi-avril, je devrai être capable de réaliser mon étude pilote pour me familiariser avec les équipements.
Aujourd’hui, je me suis donc contentée de faire des corrections supplémentaires à mon protocole.

Prochaine étape : écrire mon introduction… Ô joy!

Une idée des distances...
31 Mars 2014 : 

J’avance à petit pas… J’ai finalement reçu l’appareil photo (qui filme à 100 images par seconde). Je suis donc passé aux écuries hier pour faire mes calculs de distances. En gros, il faut que je sache à combien de mètres je dois placer l’appareil afin de pouvoir filmer une distance de 7 mètres. Après avoir bidouillé avec le tripod pendant 5 minutes, il semblerait qu’il me faille une distance de 4,3 mètres!

Mon copain s’est également amusé à jouer avec l’ordinateur et a installé un logiciel qui pourra augmenter le nombre d’images par seconde (car oui, j’aurai pu acheter un appareil plus puissant en la matière, mais le budget n’est pas du tout le même, et n’ayant pas l’intention de vendre mon deuxième rein, le Panasonic devra faire).

Je continue mes lectures. J’en suis déjà à 63 études… Inutile de dire que je redoute l’écriture de la literature review où il va falloir organiser tout ça! Surtout qu’il m’en reste encore quelque uns à ajouter à cette longue liste! Saviez-vous qu’il y moins d’accidents avec les chevaux qu’il n’y en a avec les vaches et les chiens?