26 mars 2014 :
Nous sommes déjà fin Mars. En Grande-Bretagne, chaque étudiant en sciences doit
rendre (ou devrai-je dire pondre?) sa dissertation sous peu. Les
étudiants de bachelor (équivalent niveau licence) doivent en général rendre
leur projet vers Avril. En master, nous avons une année de cours à plein temps,
et notre dissertation doit être rendue fin Septembre de l’année suivante (les
précédentes sessions avaient bien plus de temps… Mais pour des raisons x et y,
on nous laisse de moins en moins de temps !). Je suis chanceuse : je
suis à mi-temps. Ce qui veut dire que j’ai jusqu’à deux ans pour rendre mon
projet (et les cours sont étalonnés sur deux années au lieu d’une). Il n’empêche,
c’est du travail!
Alors, qu’est ce qu’une dissertation? L’idée, c’est de
nous mettre dans la peau d’un chercheur. Selon nos intérêts (ou le projet qu’on
se voit imposer, ce qui est le cas des étudiants qui ont l’ATM et dont les
frais de scolarité sont financés par une entreprise privée), on peut faire un
peu de tout : parasitologie, génétique, nutrition, reproduction, etc.
Quant à moi, je cherche à me spécialiser en biomécanique et
comportements équins. Autant dire, que dans ma fac, je n’ai pas choisi ce qu’il
y a de plus facile!
Cela fait plus d’un an que je réfléchis à mon projet. J’ai
déjà lu énormément sur le sujet (probablement une bonne soixantaine de
publications faites sur le sujet). Et puis un jour, j’ai eu une
révélation: le débat du rollkür agite la scène internationale depuis des
années. L’idée de mesurer la tension des rênes et de chercher un « gold
standard » a été mentionnée par plusieurs chercheurs. Donc oui, il y a des
publications sur le sujet. Mais rien n’a encore été fait à une plus grande
échelle (plus de 15 chevaux). J’ai donc muri mon idée plusieurs semaines avant
de m’en aller voir ma tutrice et de lui soumettre mon projet.
Rendez-vous a donc été pris: je lui expose mon idée.
Sa réponse « cela m’a l’air très bien, mais il faut maintenant que tu
ailles en parler à D. qui est davantage spécialisée là-dedans ». Je prends
donc rendez-vous avec cette prof’. Après des heures et des heures de
préparation, je vais donc la voir. Dans ce genre de situations, mieux vaut être
préparée. Pas la place pour des doutes ou des approximations. Il faut y aller
franco « voilà mon idée, ceci est mon hypothèse, cela est ce que je veux
prouver, et voilà comment on s’y prend pour y arriver ». Allélujah!
Mon projet a l’air de lui plaire, et voilà donc mon petit papier signé, qui
sera ensuite transféré au professeur en charge des dissertations de master.
Ceci est donc mon journal de bord, pour vous faire part de
mes avancées dans mon projet. Pour simplifier, mon idée est la suivante:
je vais utiliser une caméra ainsi qu’un tensiomètre afin de mesurer les données
suivantes : tension des rênes, impulsion, position de la tête par rapport
à la verticale, et peut-être la répartition du poids (il faut encore que je
creuse ce dernier point). Chaque cheval devra passer 8 fois devant la caméra au
trot après une détente: quatre fois sur des rênes longues (deux fois à
chaque rêne), et quatre fois en ayant le cavalier prenant le contact. Le
cavalier devra après chaque passage répondre à un petit questionnaire avec des
questions type: comment était la position du chanfrein par rapport à la
verticale, quel tension aviez-vous avec la bouche du cheval (non-existante,
légère, moyenne, lourde, très lourde), etc. Répéter cela sur 40 à 50 chevaux
(visons grand!).
Maintenant, où j’en suis où jour d’aujourd’hui: j’ai
écrit ma partie « material and methods » (grosso modo, le protocole),
qui est déjà partie pour une première série de corrections. Inutile de dire que
c’est revenu surligner de partout et que j’ai une liste longue comme un bras de
choses à changer! Ensuite, parlons finances: la fac ne me finance
pas (et oui, c’est la crise). Autrement dit : démerde a ou pour te payer
les équipements nécessaires ! Entre la caméra (un appareil photo qui filme
à 60 images par seconde en HD), j’en ai eu pour un peu moins de 300€, le
tensiomètre quant à lui, commandé aux Pays-Bas m’a coûté 700€. J’avais regardé
pour faire mon propre tensiomètre, mais après avoir regardé le prix des
« load cells », j’en suis venue rapidement à la conclusion qu’il
serait plus intéressant d’acheter le Rein Tension Device Pro chez Centaur (qui
est prêt à l’emploi, et a été développé pour être utilisé par des cavaliers et
chercheurs). Tout cela a donc été commandé lundi. L’appareil photo et le tripod
devraient arriver dans les prochains jours. Le tensiomètre devrait être là
d’ici une quinzaine de jours. D’ici mi-avril, je devrai être capable de
réaliser mon étude pilote pour me familiariser avec les équipements.
Aujourd’hui, je me suis donc contentée de faire des
corrections supplémentaires à mon protocole.
Prochaine étape : écrire mon
introduction… Ô joy!
31 Mars 2014 :
J’avance à petit pas… J’ai finalement reçu l’appareil photo (qui filme à 100
images par seconde). Je suis donc passé aux écuries hier pour faire mes calculs
de distances. En gros, il faut que je sache à combien de mètres je dois placer
l’appareil afin de pouvoir filmer une distance de 7 mètres. Après avoir
bidouillé avec le tripod pendant 5 minutes, il semblerait qu’il me faille une
distance de 4,3 mètres!
Mon copain s’est également amusé à jouer avec l’ordinateur
et a installé un logiciel qui pourra augmenter le nombre d’images par seconde
(car oui, j’aurai pu acheter un appareil plus puissant en la matière, mais le
budget n’est pas du tout le même, et n’ayant pas l’intention de vendre mon
deuxième rein, le Panasonic devra faire).
Je continue mes lectures. J’en suis déjà à 63 études…
Inutile de dire que je redoute l’écriture de la literature review où il va
falloir organiser tout ça! Surtout qu’il m’en reste encore quelque uns à
ajouter à cette longue liste! Saviez-vous qu’il y moins d’accidents avec
les chevaux qu’il n’y en a avec les vaches et les chiens?
CentaurTrainology: http://www.teugeldrukmeter.nl/en/